à l’orée du bois, je me promène le long des prés, à travers les forêts, sapin bleu, sapin mort, sapins enlacés, monument de la forêt, rond du chevreuil, route forestière de dun, les arbres à abattre sont marqués d’une croix, et je compte les numéros de parcelles, 39, 198, 172, 18, mais 18 a disparu, j’aime les sous-bois en hiver, l’odeur des feuilles mortes qui se décomposent sur le sol humide, les arbres nus, les troncs enveloppés par la brume, par la mousse fluorescente, par le lierre, puis arrivent les pluies de chatons, les jonquilles poussent, et éclosent, les buissons fleurissent les uns après les autres, les haies sont alors comme des guirlandes de noël, d’abord les fleurs jaunes des cornouillers mâles et les fleurs blanches des prunelliers, on ne les remarque que lorsqu’ils sont en fleurs, ils ont droit à leurs quarts d’heure de célébrité, les fleurs de clématites elles sont comme des flocons de neige en suspension qui flottent devant les entrelacs de branches décharnées, plus tard les fougères se déploient et les digitales pourpres émergent, de loin on ne distingue guère plus les conifères des feuillus qui forment une masse verte uniforme, jusqu’au milieu de l’automne quand chaque essence vire au rouge, ou au jaune, l’une après l’autre, et que les fougères se dessèchent, alors je vais aux champignons, de l’autre côté du pré « polo », à l’orée du bois, au bord du monde