la carte et le territoire, c’est le titre d’un roman de michel houellebecq, jed martin, l’anti-héros du roman, est un photographe qui devient célèbre et même riche en photographiant des cartes michelin, moi je scannne des cartes rossignol, et une fois scannées je les encadre pour les afficher aux murs de ma maison, j’aime les cartes car elles stimulent l’imagination, la carte et le territoire c’est aussi le titre d’un autre roman de michel levy, mais je ne l’ai pas lu, et celui d’un recueil de photographies retraçant l’oeuvre de luigi ghirri, surtout cette formule illustre bien ma manière de voyager, de choisir mon chemin en fonction de la forme des routes sur de vieilles cartes michelin des années 60 ou 70, parfois des exemplaires des années 80 achetées chez prisunic pour 6f90, la plupart des autoroutes que je croise par surprise n’y sont pas indiquées, j’évite les routes rouges, la circulation y est trop dense est trop rapide, je privilégie les blanches, à la rigueur les jaunes, il m’arrive parfois de choisir une route rectiligne, le plus souvent je choisis celles qui zig-zaguent, de toutes façons les routes blanches sont rarement rectilignes, je me laisse aussi guider par les toponymes, plus ou moins inspirants, noms de villages, de hameaux, plein de promesses, je choisis aussi mes trajets en fonction des codes couleurs sur les cartes, je privilégie les zones vertes, forêts domaniales, forêts communales, forêts sectionales, routes forestières, pas toujours hors des sentiers battus, domaine des chasseurs et des cueilleurs de champignons, des cueilleurs de jonquilles à l’arrivée du printemps, mais le rythme y est plus lent, évidemment la possibilité de découverte qu’offre une nouvelle route est souvent décevante, parfois une belle découverte est gâchée par un arrière plan hideux, par un poteau électrique, par un hangar, par u lotissement, par une ligne à haute tension, ou par un ciel trop bleu ou trop lumineux, par un rayon de soleil inopportun, mais parfois les astres s’alignent, un édicule, un arrière plan végétal, un ciel gris neutre, une lumière douce, la sémantique générale rappelle par un de ses principes que la carte n’est pas le territoire, c’est parfaitement vrai, tout autant qu’une peinture qui représente une pipe en bois n’est pas une pipe, « ceci n’est pas une pipe », mais les deux se superposent et se complètent pour former un univers à plus de trois dimensions à travers lesquelles j’éprouve du plaisir à me mouvoir